Le peuple Touareg : territoire et tribus

Le territoire du peuple Touareg

Les tribus Touareg vivent dans le Sahara central et sur les bordures du Sahel. Lors des indépendances, en 1961, le Sahara est divisé en plusieurs États. Le territoire Touareg est disloqué et les habitants se voient attribuer d’office une nationalité.

Leur territoire est alors divisé entre cinq États africains : l’Algérie, la Libye, le Niger, le Mali et le Burkina Faso. La majorité des Touaregs se trouve actuellement entre le Niger et le Mali.

Il est très difficile de recenser le nombre global de cette population car aucun chiffre fiable n’est disponible. En additionnant les sources officielles, on compte près de 1.5 millions d’individus répartis en nombreuses tribus, 3 millions selon les sources Touaregs. Cette différence s’explique par le manque de recensement des personnes et par les enjeux politiques dans ces nouveaux États sur fond de conflits fonciers et d’intérêts pétroliers.

Selon les sources officielles, les Touaregs seraient répartis ainsi :

• Niger : un peu plus de 1,5 millions
• Mali : un peu moins de 1 million
• Algérie + Libye + Burkina Faso : environ 500 000 pour les 3 pays

Avant d’être divisé par des frontières, le territoire de peuple nomade du Sahara, appelé Tinariwen, est découpé en plusieurs terres. Ce vaste territoire est bordé au nord par des barrières de sable. Le territoire s’étend à l’est jusqu’au massif de Tibesti, situé au Tchad. À l’ouest, il s’étire après Tombouctou jusqu’en Mauritanie. Au sud et au-delà des fleuves du Niger, il s’enfonce jusqu’à la région sahélienne.

Les différentes tribus Touaregs du Sahara

En Libye, le peuple Touareg vit dans le Fezzan, région désertique du sud-ouest entre Ghat et Ubari, et fait partie de la confédération des Kel Ajjer.

Les touaregs Kel Ajjer sont également implantés dans l’est de l’Algérie, dans la wilaya d’Illizi, au nord du massif Tassili n’Ajjer et de Djanet. Ce territoire fut pendant l’Antiquité le berceau de la civilisation des Garamantes.

En Algérie, on trouve une deuxième confédération de tribus, appelée Kel Ahaggar. Cette population vit dans les montagnes du Hoggar, dans la wilaya de Tamanrasset.

Dans les grandes villes à Agadez, Timia et Iférouane au Niger, ainsi que dans les montagnes du massif de l’Aïr, ce sont les Kel Aïr qui sont installés.

De plus, il existe la confédération des Kel Gress dans le Tanout et les Ouelleminden à l’est, tribu présente également à l’ouest du Mali.

Au Mali, il y a aussi les Kel Adagh, dans l’Adrar des Ifoghas, massif montagneux.

Il existe également de nombreuses autres tribus dans la région de l’Azawak, plaine située entre le Mali et le Niger qui abrite environ 500 000 personnes, majoritairement d’ethnie Touareg et Peuls-Wodaabe.

La société Touareg et son mode de vie

Des tribus nomades

Depuis le milieu du XXe siècle, la sédentarisation des Touaregs s’est accélérée en raison de multiples sécheresses et conflits. Par mesure de sécurité, bon nombre d’entre eux ont choisi de s’établir dans des villes proches du Sahara, comme Niamey, Ouagadougou ou encore Agadez au Niger.

Cependant, les Touaregs demeurent principalement un peuple nomade, traditionnellement occupé à élever des troupeaux de chameaux et de chèvres. Certains d’entre eux pratiquent toujours le nomadisme, naviguant entre la ville et leur campement dans le désert.

Les campement des nomades sont constitués des célèbres tentes Touareg, conçues pour être montées et démontées rapidement. Ces tentes sont aménagées de manière à créer des espaces distincts pour les hommes et les femmes. Avec la tradition du thé et le dromadaire mehari, la tente représente un symbole central de leur mode de vie, formant l’un des trois piliers de la culture Touareg.

Quant à l’artisanat Touareg, celui-ci est apparu plus tard que l’élevage, avec la fabrication d’articles tels que des selles en cuir pour les chameaux, suivis d’ustensiles comme des cuillères et des tasses en bois et les fameux bijoux Touaregs, dont la Croix d’Agadez.

Une société de tribus hiérarchisées

La hiérarchisation est la principale caractéristique de la société Touareg. Ce système ne correspond pas au stéréotype occidental de la hiérarchie. En effet, au sein des campements, des liens de proximité intimes et familiers se tissent entre les différents rangs. Ils plaisantent librement sans risque de froisser l’honneur des familles.

À la tête du groupe, il y a un chef qui gère les affaires intérieures et représente la collectivité auprès des institutions. Pour être élu, le chef doit appartenir à une famille de pouvoir et avoir les qualités morales pour représenter les intérêts de la tribu.

Les individus constituant la société sont classés dans les catégories suivantes :

• Imajaghan : tribus nobles, principalement des guerriers qui ont pour but de protéger
• Imghad : tribus vassales
• Ineslemen : tribus maraboutiques (qui signifie «musulman»)
• Inaden : forgerons, artisans
• Irawellan : anciens captifs Touaregs
• Iklan : serviteurs

Un code d’honneur très fort

Les hommes sont éduqués selon un code d’honneur strict, mettant en avant des valeurs telles que l’honneur, la bravoure, la générosité et le respect des aînés.

L’honneur et la fierté des hommes Touaregs sont des piliers fondamentaux qui façonnent leur identité au cœur du désert. Au sein de cette communauté, l’honneur est associé à la loyauté envers la famille, la tribu et les traditions séculaires. La maîtrise dans l’art de montée à dos de dromadaires, la connaissance des étoiles pour naviguer à travers le désert, la capacité à préserver les traditions musicales et artisanales contribuent à forger la fierté de l’homme Touareg.

La tribu Touareg, une société matriarcale ou plus précisément, matrilinéaire

Même si l’homme Touareg doit suivre un code d’honneur très fort, les femmes sont loin d’être mises de côté dans la tribu Touareg. En effet, les sociétés Touareg sont de type matriarcales, c’est-à-dire que c’est la mère qui transfère son rang à son enfant, d’où l’attribut matrilinéaire.

Un homme ou une femme peut être le chef d’une tribu, selon sa bravoure et son autorité.

C’est également à la femme que la tente revient, lors de la création d’un foyer à l’issu d’un mariage. S’il y a divorce, c’est la femme qui garde la tente.

Pour ce peuple, la vie sociale et familiale repose sur la force et la sagesse des femmes, qui occupent une place centrale dans la société. Les matriarches, véritables gardiennes des traditions, jouent un rôle clé en prenant les décisions importantes, orientant les choix familiaux et transmettant les savoirs ancestraux aux générations suivantes.

Les rites de passage, les fêtes et autres événements marquant les grandes étapes de la vie communautaire sont organisés avec soin et grâce par ces figures féminines. Les hommes, loin d’être en retrait, apportent leur force physique et leur créativité, travaillant main dans la main avec les femmes pour assurer le bien-être collectif de la tribu.

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